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3 février 2009 2 03 /02 /février /2009 09:28

J'aimerais bien mettre en ligne sur le Blog du Rinart' le prototype en cours, mais je pense que ce ne sera pas possible. Il n'est pas fini (c'est une bonne raison, mais pas tant que ça, au fond). Il n'est pas adapté (ça, c'est plus sérieux : je ne voudrais traumatiser personne). Et enfin je ne vois pas la suite : j'en suis au point où mes deux protagonistes sont dans un télésiège avec Hitler. Partant de là, ça va être difficile pour la happy end. Patience, donc, car je n'ai pas écrit mon dernier mot.

Du coup, pour le moment, je brode. Sans autre commentaire : mes proches sauront de quoi je veux parler et pourquoi je ne vais pas plus loin dans les explications.

Je ressors donc un petit poème âgé de trois ans, qui s'appelle C'est quoi l'envers ? Encore un jet qui m'est venu tout d'un bloc, un jour que je n'avais pas trop le moral et que je ressassais. Un peu comme maintenant, sauf que maintenant j'ai beaucoup moins de temps pour ressasser. C'est quoi l'envers ? est basé sur les questions que tous les enfants du monde posent à leurs parents, entre 5 et 10 ans, et que l'on appelle généralement la période "Frequently Asked Questions" pré-pubère. Ceux qui ont des lardons verront très bien de quoi je veux parler. Je tiens à préciser que je n'ai puisé que dans l'observation pour la réalisation de C'est quoi l'envers ? Entre 5 et 10 ans, quand je posais une question de ce genre, c'était toujours à Robert, mon dictionnaire. Mon frère sait pourquoi...


C'est quoi l'envers ?

 

 

C'est quoi l'envers d'un gros dodo ?

C'est croire qu'il est déjà tôt

Alors qu'il n'est pas encore tard.

 

C'est quoi l'envers d'un feu de bois ?

C'est un peu la fumée qu'on boit

Avec une bûche on the rocks.

 

C'est quoi l'envers d'un méchant rhume ?

C'est avoir une énorme plume

Qui nous ferait éternuer.

 

C'est quoi l'envers d'un arc-en-ciel ?

C'est un long ruban plein de miel

Que les averses ont sous la langue.

 

C'est quoi l'envers d'un poil de chien ?

C'est ce qu'on aurait sous la main

Quand Médor a la chair de poule.

 

C'est quoi l'envers d'une luciole ?

C'est un coin de nuit dans la fiole

Où l'on met les fées d'artifice.

 

C'est quoi l'envers d'un robinet ?

C'est comme un mini-jardinet

Où l'eau vient juste de pousser.

 

C'est quoi l'envers d'un calinou ?

C'est quand on est un loup-garou

Et qu'on pourchasse les menteurs.

 

C'est quoi l'envers d'une grimace ?

C'est la trombine à la limace

Qui fait le clown pour les enfants.

 

Et c'est quoi, l'envers de l'amour ?

C'est quand on est heureux, toujours,

Puisqu'on partage avec son coeur.

MD 24-06-2006.

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30 janvier 2009 5 30 /01 /janvier /2009 13:59

Décidément, je n’en suis toujours pas sortie, de mon machin en cours. Je veux parler de la fable sur laquelle je sèche et pas de mon « ot’ boulot », qui me prend bien assez la tête comme ça. Pas besoin d’une autre couche, donc.

 

Comme le coup du réchauffé ne peut pas être recuit ad vitam aeternam, aujourd’hui je parlerai d’un auteur. Vu que je viens de dévorer Quand les Dieux buvaient (tome I) et que j’ai trouvé l’œuvre époustouflante, parlons de Catherine Dufour, celle par qui Blanche-Neige et Bill Gates sont enfin présentés pour ce qu’ils sont.

 

Alors Quand les Dieux, c’est à la littérature fantastique ce que Les Liaisons Dangereuses sont à Devil wears Prada. De la bombe thermo-nucléaire. C’est fantastique, au sens propre comme au sens figuré. Je serais même tentée d’affirmer que Quand les Dieux est une sorte de chef-d’œuvre absolu, que je rangerais bien dans le tout petit bout de ma bibliothèque réservé à la Comtesse de Ségur et à euh… soit. Quand les Dieux, nom de Dieu, quel bouquin !

 

Et Catherine Dufour, crénom de Dieu ! Quelle bonne-femme ! Pour commencer, il y a son site, où l’on trouvera foultitude d’infos très informantes, mais ne constituant malheureusement qu’un tout petit dessus d’iceberg. Même si Catherine Dufour est loin - très loin - d’en être un, d’iceberg. Je dirais que c’est surtout quelqu’un de bien. Et non l’une de ces pisse-copies imbues de leur ego surdimensionné que je ne nommerai pas ici (j’ai pas envie d’avoir des mots avec les 99 % de la population lisante qui adorent ces *$ !@).

 

J’ai la preuve de ce que j’avance : une interview, sur le métier d’auteur, qui dit tout ce qu’il reste à en dire, si on a loupé Le Magnifique avec François Merlin et Romancing the Stone avec « que » Joan Wilder. Plus sérieuse, mais tout aussi parlante, cette autre interview de la Dame permet d’approcher un peu ses goûts littéraires et ses dégoûts métaphysiques. Ce ne sont pas les néo-celtiques panthéistes qui la contrediront. En tout cas, pas le néo-celtique panthéiste auquel je pense en écrivant ces lignes, puisqu’il est exactement du même avis que notre génial auteur de *SF déjantée*. En parlant de déjanté, je tiens à souligner qu’employer cet adjectif n’est pas rendre hommage au talent d’une telle plume, car *déjanté* sonne beaucoup trop comme *bâclé*, à mon humble avis. Je dirais que Catherine Dufour écrit des rêves à grandir debout. C’est suffisamment rare pour que l’on se précipite chez le libraire du coin et que l’on débourse les 7 euros nécessaires à s’enrichir la vie en lisant Quand les Dieux.

 

Pour conclure, une petite précision : le tome paru au Livre de Poche regroupe deux livres : Blanche-Neige et les lance-missiles et L’ivresse des Providers. Avant de s’enivrer, un dernier conseil : revoir Perrault, la Bible et le Catéchisme de l’Église Catholique et surtout, surtout, Les Protocoles réseau pour les Nuls. Sans quoi, on risque de passer à côté du principal. C’est-à-dire une virtuosité dans la référence qui dépasse de très loin les plus grands auteurs que j’ai lus jusqu’ici.

 

Bonne lecture et bonne découverte, donc, dans le Petit Monde de Catherine Dufour, d’où l’on ressort très différent de ce qu’on était en y mettant les pieds. C’est-à-dire, soi mais en mieux.

 

Le Rinart’.

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 11:24

Bon, vu que je ne suis pas d'une humeur très joviale et que la fable sur laquelle je planche est en train de virer à la prise de tête Bergmannienne, il vaut sans doute mieux que je puise dans mes réserves.

Autant le dire tout de suite : je ne suis pas de mauvais poil toute seule, comme ça, sans raison. Ce n'est pas tous les jours facile de distribuer sans compter mon énergie à des petits morveux qui se plaignent pour un oui, un non, un peut-être. Hier encore, j'étais à deux doigts d'en empoigner une et de la coller manu professari au premier étage de Bordet. Histoire qu'elle comprenne, cette maudite gamine, que parfois on a pas d'autre choix que de mordre sur sa chique et de faire contre détestable fortune très vaillant coeur. Mais ce sont sans doute des notions qu'un tout juste vingtenaire a souvent du mal à se représenter. Je ne dois pas oublier que j'ai 20 ans et des années-lumières d'emmerdes de plus qu'eux. Et je ne dois pas non plus devenir dure. C'est dur, parfois.

Voilà donc hier je devais bosser sur un petit truc que j'ai en tête depuis quelques mois. Au lieu de quoi, j'ai passé la soirée à essayer de calmer mes boyaux tordus par l'acide sulfhydrique dont j'étais remplie, à force de m'énerver comme un pou. Je suis incorrigible.

Sur ces entrefaites, et pour ne pas que le blog du Rinart reste vide trop longtemps, je publie aujourd'hui une fable assez ancienne (2005) mais que j'ai écrite en me marrant d'un bout à l'autre. Un moment de grâce, en quelque sorte. Toute ressemblance avec le film de James Cameron n'est absolument pas fortuite. Un de ces quatre, je ferai quelque chose avec Titanic, aussi...


L'Alien et le cabot

Mon histoire a lieu dans l’espace,

Sur une planète lointaine,

Plutôt vieillotte et très malsaine

Dont nul plan ne portait la trace.

 

Il y régnait toujours tempête

Et, depuis des lustres, un vaisseau

Plein de molards de vermisseau

Y servait de Niche à Bébête.

 

Je le concède à l’auditoire,

Mon début peut flanquer la frousse.

Mais tadâââââ ! Voici la frimousse

De l’astro-chien de notre histoire.

 

Son Maître et lui, dans le pétrin,

Avaient atterri dans l’urgence

Car suite à quelque négligence

Leur fusée n’avait plus de freins.

 

Je dois vous peindre le cabot :

Un cocker de trois ans à peine

Et qui, pour sa plus grande veine,

Avait de l’or plein son jabot.

 

Son museau doux comme un mamour

Lui donnait l’air un rien distrait.
Et quand son Maître s’attristait

Il faisait ses yeux de velours.

 

Or, un sort vraiment redoutable

(Vous l’aviez compris, je l’espère…)

L’attendait au nid de vipères

Qui trouvaient le chien délectable.

 

Pauvre cocker ! N’as-tu pas vu,

Au retour de ta promenade,

Qu’un dégoûtant monstre nomade

T’a suivi sans que tu l’aies su ?!

 

Et c’est là que le suspens monte…

Car, dès leur panne réparée,

Notre équipe est bientôt parée

A décoller leur mastodonte.

 

Dès qu’ils ont quitté la planète

Maître et chien vont à la cuisine

Pour se beurrer une tartine

Avant de dormir à perpète.

 

Il s’agit bien de roupiller !

Car même embusquée, la bestiole

Finit par leur montrer sa fiole

Que rien ne peut dégoupiller.

 

Le Maître alors part pour la Cave

Armé d’un malheureux briquet.
Et le gentil chien, stupéfait,

Reste seul à paniquer grave…

 

« Je dois me calmer, nom d’un chien ! »,

Ne cesse-t-il de répéter ;

Ce qui ne peut que l’hébéter

Et ne lui sert vraiment de rien.

 

Mais notre cocker n’est pas sot :

Il avise au coin du hangar

Une espèce de gros bazar

Entre l’armure et le cageot.

 

La machine a des bras géants,

Des boutons, des fils, des manettes ;

« Je connais bien ces trotinettes »,

Se dit-il en grimpant dedans.

 

Il était moins deux, saperlotte !

Qu’il y trouvât enfin refuge,

Car qui pourrait, sans subterfuge, 

Cuire un Alien à l’échalotte ?

 

Il n’avait pas prévu, pourtant,

Qu’il lui faudrait trente-six pattes

Et l’agilité de dix blattes

Pour manier ce truc déroutant.

 

Le voilà soudain tête en bas,

Tourneboulé de gauche à droite,

L’œil chaviré, le museau moite,

Avec la bestiole à deux pas.

 

Quel sombre tableau, mes aïeux !

Le vilain Alien bec ouvert,

Et le cabot, tremblant, tout vert,

Se démenant à qui mieux-mieux ;

 

S’enmêlant les pattes aux oreilles ;

Allumant tout, dans son robot,

Pour trouver le bouton « Turbo » ;

Jamais il n’eut de peur pareille !

 

Et bien, malgré le mal de mer,

Il attrapa l’Alien au cou.
Puis il le malmena beaucoup

Comme une poule avec un ver.

 

Ah ! ça bardait pour l’ennemi,

Depuis que le cabot savait

Que le gros monstre qui bavait

N’avait qu’un cerveau de fourmi !

 

« Tu ramènes un peu moins ta fraise ! »,

Ricanait le brave cocker,

Avec un rictus de rocker

Qui lui faisait un air balaise.

 

« Je t’en donnerais, fils de chat ! »,

Aboya-t-il en s’approchant

D’un sas où vider le méchant

Tout englué dans du crachat.

 

Ça valait vraiment le coup d’œil :

Un petit cabot déchaîné

Et l’horrible Alien enchaîné,

Qui se planquait sous un fauteuil…

 

Et qui gagna donc, selon vous ?

Le chien, pardi ! C’est évident ;

Car ce n’est pas à coups de dents

Qu’on met Cocker au garde-à-vous.

 

Le Maître revint, ô ! Merveille !

Tout fier de son cabot vainqueur,

Et lui fit un bisou blagueur

En lui gratouillant les noreilles.

 

Puis ils filèrent tous les deux

Faire un gros dodo pour de bon,

Bien à l’abri, dans leur caisson,

Avec de l’amour plein les yeux.


MD, 14-10-2005

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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 21:21

Et le voilà, tout chaud, le premier conte en vers (dirais-je "la première Fable" ? - ce serait beaucoup d'orgueil, après La Fontaine !) que j'aie écrit depuis des années. Je passe les détails du pourquoi du comment. Mes proches sont au parfum : c'est bien comme ça.

Évidemment, ce fut un gros boulot. Déjà repêcher mes dictionnaires de sous la pile, c'était pas rien. Mais j'ai bien rigolé en l'écrivant : c'est tout ce qui compte. Mon plaisir, c'est surtout quand l'histoire prend les commandes et que je me retrouve dans un machin que je n'ai même pas vu venir. C'est là, en me relisant, que je mets à glousser comme une poule; parce que je trouve ce qui est raconté absolument hilarant. Et je ne me souviens même plus que, justement, c'est moi l'auteur... C'est vraiment très étrange, comme phénomène. Mais c'est un étrange tout à fait génial, une sensation magnifique, comme un cadeau du GADLU (sans doute parce que C'EST un cadeau du GADLU :D)

Garder les cadeaux pour moi, en égoïste, je sais que ça porte malheur. Donc je le partage : il y en aura pour tout le monde !


Les Folles aventures et le Destin glorieux de Souris Rose et Raton Noir

Il fut autrefois, dit-on par chez nous,
Sous le règne adroit de Malin Premier,
Au lieu dit du ‘Hameau bas des Zouzous’,
Une souris vivant dans un plumier.

Présentons la donzelle : un bel esprit,
De l’éloquence, un beau cœur, du courage,
Habile à l’oral autant qu’à l’écrit,
Ne craignant ni le Démon ni l’orage.
 

La souris la plus aimable, en vérité,
N’eût été la couleur de son pelage,
D’un rose éclatant de féminité,
Qui plongeait le camp des gris dans la rage.
 

Or, la Souris Rose avait le sourire.
« Que m’importe donc le clan des Aigris ?
Je fus faite ainsi, ma foi, laissons dire :
Je préfère autant mon Rose à leur Gris ».
 

Souris Rose était fort belle, au demeurant,
Les candidats ne manquaient point le jour
Ni le soir venu ; c’était hilarant -
Notre coquette en eut tôt fait le tour.
 

L’ennui lui vint, c’était inévitable ;
L’envie d’être utile autrement, sans doute,
Dans le social, le commerce équitable -
Un boulot fait de douceur et d’écoute.
 

Les pauvres gens, le mal et l’injustice,
Elle en avait fort peu connu, d’ailleurs ;
Sa vie en Rose eut soudain l’air factice,
Elle eut besoin de croire aux Jours Meilleurs.
 

Aussitôt, voilà qu’on frappe à sa porte,
C’est Moineau le Facteur, de gris vêtu :
« Un pli, Mam’selle ! » dit-il d’un verbe accorte,
En la reluquant d’un air têtu.
 

Elle ouvre et lit : le Ministre la mande !
« Un tel Honneur ! Non mais, je rêve ou quoi ?! »
S’écrie-t-elle en brandissant la demande
Sous le bec du moineau, qui reste coi.
 

En sautillant elle enfile un mantel,
Et s’encourt à l’Hôtel de la Finance.
« Je repeindrai leur fric sale en pastel »
Rugit-elle, incrédule. « Ah ! C’est ma Chance ! »
 

Sur place, on lui désigne un guichet noir
« C’est là que tu fais semblant de bosser ;
Fais-en peu le matin, du moins le soir,
Car chez nous, faut surtout rien endosser ! »
 

Et du coup, voilà Souris Rose en cage.
« Merde alors ! » se dit la belle utopiste,
« Ainsi, les sous, c’est un énorme trucage ?! »
« Je changerai ce boulot de lampiste ».
 

Mais elle a beau s’escrimer tout le jour,
C’est un roc, un cap, un pic de dix tonnes ;
Pas un rat gris ne lui dirait bonjour –
Elle en ferait des langueurs monotones…
 

Pour finir la tendre enfant se décide :
Dans un bel élan réactionnaire,
D’un trait rose, intense et tyrannicide,
Elle enlumine à tout-va l’ordinaire.
 

C’est un tollé, un scandale, un fracas !
« Ce rose est un blasphème épouvantable,
C’est le fait d’un fou dément, d’un Judas !
Le courroux Divin châtiera le coupable !... »
 

Il n’est point temps de réclamer son reste,
Avant de se faire occire en fanfare ;
L’Aigri Religieux, c’est très leste,
Dès que la Liberté d’esprit l’effare.
 

Notre Souris part en courant : c’est sage.
« No soucy ! » se dit-t-elle en cavalant
« Je partirai dans un pays sauvage :
Là-bas, c’est du Laïc - plus stimulant ».
 

En théorie, le plan semble assez beau.
Mais en pratique, il faut voir le terrain :
Vague il est vrai, chagrin, tel un tombeau,
Un vil égout du temps contemporain.
 

« Oula ! » se dit la Souris « C’est pas rose… »
De fait, c’est même un endroit plus que noir :
Le peuple est ravagé par la sclérose ;
L’empereur, obsédé par son manoir.
 

Souris n’a que son courage et ses bras,
Après avoir érigé l’hôpital,
Elle dit au peuple : « Allons ! Tu t’aideras !
Voilà ton nouvel outil médical ».
 

Mais nul ne bouge : un tas, tout affalé.
« Hé ! Ho ! Y a-t-il quelqu’un, par ici ? »
Crie-t-elle aux enragés de télé.
Sans succès ni le plus petit ‘merci’.
 

Souris Rose a la haine : « Agir est vain »
Conclut-elle. « Autant partir en Ashram… »
(Du rose ? En Ashram ? ‘Humpf’, dit l’écrivain)
Suivons donc Souris Rose au Sud Siam.
 

Dans un temple en forêt, reclus du Monde,
Des bouddhistes zen accueillent Souris.
Nul qui ne parle ou ne mange à la ronde :
« Aïe ! Si j’avais pas trop bien tout compris ? »
 

S’interroge en jeûnant notre Souris.
Or, si le moine est zen, point trop n’en faut.
Elle enflamma bientôt nos canaris
Et prit leur calme immobile en défaut.
 

« C’est trop dur, Mam’selle ! Il faut nous comprendre… »,
Font-ils en la raccompagnant dehors.
« Ne stressez pas, les gars ! Ça peut s’apprendre… »
Dit-elle, avant de partir pour Angkor.
 

Il nous faudrait préciser, en passant,
Que l’époque était alors bien troublée ;
Les bois, le lieu d’un pillage incessant ;
Où s’abritait la ‘cabale endiablée’,
 

Dont le chef, le hors-la-loi ‘Raton Noir’ –
Et, de ce fait, invisible la nuit –
Avait sur sa milice un tel pouvoir
Que nul n’osait lui chercher des ennuis.
 

L’on grelottait, à l’entendre nommer.
Connaissait-il seulement la pitié ?
Ne disait-on pas qu’il puisse assommer
Un innocent, par simple inimitié ?
 

C’était un monstre, un ogre, un vrai satyre,
Dont on menaçait les récalcitrants ;
Les délurés, que l’on voue au martyre,
Dans des racontars abracadabrants.
 

La Souris Rose est donc seule, à la brune ;
Son museau levé dans les étoiles,
À contempler le rond clair de la lune,
Quand l’azur semble un océan de voiles.
 

Soudain, elle avise à droite un profil,
Prostré, sous un arbre à l’écorce grise.
« Ah ! Ça ! Mais de qui diable s’agit-il ?! »
Fait la Souris, que la scène électrise.
 

« Hep ! ‘Soir M’sieur ! Vous z’avez point l’air fort bien… »
Dit-elle en s’asseyant juste à côté.
Et l’inconnu lui répond : « C’est combien ? ».
La souris se tait, le palabre ôté.
 

Qu’on lui demande un tarif ?! C’est dément…
« Z’êtes cinglé ?! Je suis pas professionnelle ! »
Répond Souris Rose assez vertement.
« Oups ! Pardon ! », fait la triste sentinelle.
 

« C’est tout ce rose ici, ‘fin, vous savez… »
Poursuit-il en soupirant d’amertume.
« Ben non, je sais pas. Quoi ? Vous en bavez ?
Allongez-vous donc là, sur le bitume,
 

Détendez-vous, racontez-moi le tout »
Conseille en douceur notre Souris Rose.
« C’est moi Raton Noir ! », dit-il tout à coup.
« Vouiii, donc ? C’est ça qui vous rend si morose ? ».
 

Et là, c’est lui qui perd tous ses moyens.
« Ouai ! Pas qu’un peu… Je suis un marginal.
‘fin, la terreur, chez les concitoyens.
Savez, c’est point marrant, le tribunal… »
 

« Commencez donc par cesser de vous plaindre »
Rétorque-t-elle en riant, « c’est point grave ! »
« Si ça l’est ! Le peuple a besoin de craindre ;
Et mon cash-flow est à l’état d’épave ! »
 

« C’est rien : le fric, on en trouve à la pelle.
Faut juste avoir un peu de bonne idée ».
Il l’interrompt : « C’est vrai ! Ça m’interpelle…
Vous connaissez le Bar de l’Orchidée ? »
 

La Souris, qui n’est point sotte ou naïve,
Renifle alors le plan du Raton Noir.
« C’est quoi, ton activité lucrative ? »
Fait-elle en rigolant. « C’est sans peignoir ? »
 

Il lui prend la main : « Tu dois pas le faire ;
C’est pas ton genre et tu perdrais ton âme.
Le truc exige un sacré savoir-faire ;
À la fin, tu sais, c’est toujours le blâme ».
 

Notre souris pince un rien le museau :
« Justement » dit-elle « Il faut du facile !
Avec un joli costume en roseau,
De la danse et du sourire indocile…
 

Et, quand tu l’as bien ferré, c’est rideau ! »
« Mais c’est génial ! D’où tiens-tu ça, chérie ?! »
Souris sourit : « D’un pote, à Bordeaux.
Je te promets, c’est toujours l’hystérie ».
 

Le deal dealé, nos comparses ouvrent un bar.
C’est aussitôt le succès, la fortune :
Au zinc, Raton nous fait le Malabar
Et Souris se déhanche à la tribune.
 

Les michés sont aux anges, on l’imagine –
Un tel numéro vaut son pesant d’or.
Hélas ! Il n’est point de noble origine;
Ça fait bientôt jaser, chez le Cador.
 

Un soir de foule il arrive un contrôle,
Le bus des poulets rafle les clients.
Et c’est enfin le procès, puis la tôle :
Il ne faut jamais vivre d’expédients.
 

Mais leur épopée n’était point finie.
Il fut un producteur, à Bollywood,
Qui fut averti de leur vilenie,
Par le Dalaï, tournant à Hollywood.
 

Il les sortit de la geôle avant terme,
Et leur fit un contrat pharamineux,
Afin d’avoir en exclu, sur Palerme,
Leur concept aux profits libidineux.
 

Dès lors ce fut la gloire et l’opulence.
Raton Noir s’arrêta de travailler,
Souris Rose, elle, atteignit l’excellence :
César vint en rampant la médailler.
 

Moralité :
 

La retraite est si douce - et la revanche…
L’est tout autant. Mais, pour les insoumis -
Ceux des exploits, ceux de la carte blanche -
Le seul châtiment, c’est le compromis.
 

MD, 22-01-2009.

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 10:57
Première Épître aux Éclopés

 

Mes Chers Enfants,

 

Il y a un temps pour chaque chose en ce bas monde et il semblerait que le temps soit venu pour moi d'écrire quelques lettres, adressées à vous tous. Vous êtes si nombreux, brebis perdues et troupeaux égarés, qui boîtez de votre mieux sur le chemin de la Vie. L'on vous croise chaque jour, en rue, à la campagne, dans les foules hirsutes et aux sommets recueillis des montagnes. Toutes et tous, vous portez sur le front une marque identique. Un sceau à demi-caché derrière des gadgets à la mode, des masques divers, des bribes de conversation bien comme il faut. Qu'il est lourd, ce Secret que vous portez en silence. Qu'il est douloureux, ce sentiment d'être seul(e) au Monde. Qu'il est loin, le havre inaccessible où vous rêvez de dormir en paix. Sans cauchemar, sans regret, sans colère. Mais ne craignez plus car en Vérité, je vous le dis (moi qui pourtant ne suis qu'une passante ordinaire), un Monde Nouveau n'attend que votre bon vouloir.

 

Vous avez enterré des tas de morts, crevés de diverses manières, dans des placards pleins de fissures. Vous vous demandez souvent si l'odeur ne dérange pas les autres. Vous vous répétez que ce n'est bien sûr pas normal ce qui vous arrive; qu'on n'a pas le droit de mettre des cadavres dans les armoires et que si jamais ça s'apprenait, tout ce qu'il y a dans vos tiroirs secrets, ce serait dramatique. On vous traiterait de dingue. On vous tournerait le dos comme une merde. On ne vous aimerait plus jamais, jamais, jamais. Et vous seriez alors seul(e) à tel point que même le chien vous laisserait tomber. La peur est votre plus grande ennemie, mes Chers Enfants. C'est elle, le Croque-Mitaine qui grince des dents sous votre lit, le soir, quand il n'y a plus rien ni personne entre ce que vous êtes aujourd'hui et le petit enfant que vous étiez, hier...

 

Qu'y a-t-il de plus émouvant qu'un petit enfant caché dans les draps, recroquevillé sur lui-même, tout perdu; ne sachant plus parler, ne sachant plus bouger, ne sachant plus qu'attendre, sans aucun espoir que quelqu'un vienne le sauver, enfin ? Si vous voulez mon avis, il y a bien quelque chose de plus poignant encore. C'est le môme qui se lève en ricanant comme le Capitaine Crochet, et qui saute hardiment à terre, puis qui attrape la Méchante Sorcière par les pieds et la fait tournoyer dans les airs, avant de la balancer par la fenêtre sous les Hourrah ! de son ours en peluche (ou de sa poupée). Non, n'ayez plus jamais peur : ces sales monstres planqués tout au fond de votre coeur, mes Chers Petits, ce ne sont que de lamentables épouvantails débraillés. Une pichenette suffirait à les mettre en pièces. Non, dites-vous ? Vous n'en serez jamais capable ? En êtes-vous sû(e) ? Moi qui vous croise quotidiennement, et qui vous observe à la dérobée, de sous mes lunettes de méchante institutrice, je vous assure que vous vous trompez. Je vous assure qu'on vous a raconté de vilaines histoires, des carabistouilles énormes, des contes à sécher debout. Et je vous promets que quelque part, au-delà des champs de mines, des embuscades, des prisons et des carcans de fer; il existe un Royaume fait pour vous, sur mesure, cousu main, si beau et si riche que vous n'en croiriez pas vos yeux, si je vous le dessinais (mais je ne suis pas De Vinci, aussi ne dessinerai-je rien ni personne - c'est plus prudent).

 

Il faudra beaucoup de courage et de bonnes jambes pour arriver là-bas. Il faudra une volonté immense, aussi. De l'amour. Des vertus : humilité, patience et douceur. Des qualités de coeur : vérité, droiture et justice. Des forces d'âme : foi, respect et noblesse. Mais avant toute chose, il faudra que vous soyez prêt(e) à prendre certains risques. On ne gagne pas à tous les coups, sachez-le. Mais comme le dirait très justement le Baron Pierre de Coubertin : « l'important, c'est de participer ». Nous en reparlerons.

 

Soyez fiers, mes Chers Petits, car vous êtes tous formidables ! Moi qui vous aime, autant que j'aime le Grand Architecte de l'Univers, je vous l'écris noir sur blanc : vous êtes aussi beaux que des anges. Il faut cesser de vous répéter que vous ne servez à rien, que rien n'a d'importance, que vous n'êtes rien, personne; que vous n'avez aucune valeur. Car c'est à travers vous que l'infini s'exprime. Vous avez la responsabilité de faire barrage aux répétitions. C'est votre devoir sacré. Vous devez, chaque jour qui vous est offert, vous in-ven-ter. Que vos trouvailles soient géniales ou modestes n'a aucune importance. Toute nouvelle combinaison est une preuve supplémentaire de la Perfection en Devenir. De cela aussi, nous reparlerons vous et moi.

 

Pour conclure, mes Chers Petits, j'aimerais vous envoyer les meilleures vibrations qui soient, afin que la vie vous soit douce. Pensez à qui vous êtes. Efforcez-vous de trouver une facette de vous qui vous plaise. Explorez-la. Si c'est quand vous chantez sous la douche, élargissez votre répertoire. Si c'est quand vous concoctez de bons petits plats, expérimentez d'autres recettes. Si c'est quand vous jouez avec vos propres petits, surprenez-les. Si c'est quand vous mettez le paquet au travail, lancez-vous dans un nouveau défi. Et si vous ne trouvez rien, si vraiment vous êtes totalement nul(le), alors choisissez ce en quoi vous êtes le plus mauvais. Et demandez-vous ce qui vous manque pour être un peu moins naze. Faites-un essai. Est-ce possible de gravir un échelon ? Saurez-vous, avec une orthographe apocalyptique, apprendre ne serait-ce qu'une seule règle d'accord ? Arriverez-vous, lorsque vous faites un créneau, à vous garer en allant cinq secondes plus vite que d'habitude ? Serez-vous capable, face au fer à repasser, de maîtriser les faux-plis d'une chemise à manches longues ? Non ? Essayez encore. Et quand finalement ça marchera, faites-moi plaisir. Félicitez-vous...

 

Le Rinart
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10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 22:25

J'ai écrit La Vache en revenant du Parcours d'Artistes de Celles, une nuit, très tard, à l'arrière d'une Seat Alhambra verte. Je dois préciser que j'étais à jeun ce matin-là : boire ou écrire, il faut choisir.

J'ai toujours beaucoup de plaisir à me rappeler ces instants de bonheur créatif. Il faisait noir comme dans un four et je gribouillais complètement à l'aveugle. En plus, comme la voiture roulait et que je rigolais comme une baleine de mes propres délires, c'était pas évident d'aligner les phrases sur le papier. Et qu'on ne me parle pas de dictaphone : ça fait auteur qui s'y croit et j'ai horreur de ça.

Enfin bref. La Vache qui m'a servi de modèle dans La Vache a bel et bien existé. C'était un animal un peu statique mais qui portait une splendide robe couleur du Temps, comme dans Peau d'Âne - et qui a été kidnappée par des gens sans trop de scrupule ni de déontologie. J'espère qu'ils ont chopé l'encéphalopathie spongéiforme, pour la peine...

Voilà, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers Enfants :

La Vache


Crédit illustration : Victor Sanchez (tous droits réservés)

La vache peinte en sous-marin

Mâche des gommes au romarin

 

Le lundi soir parfois il pleut

Alors elle a les yeux tout bleus

 

Le mardi quand il fait trop chaud

Elle détricote son poncho

 

Le mercredi, la bonne aubaine !

Elle danse le rock à la fontaine

 

Le jeudi si ça tourne mal

Elle se déguise en général

 

Le vendredi elle est très sage

Elle étudie avec un mage

 

Le samedi elle est très gaie

Elle lit des blagues en portugais

 

Et le dimanche elle fait dodo

En haut d’un arbre sur son radeau…

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13 octobre 2008 1 13 /10 /octobre /2008 21:44

Il était une fois la puce

Que l’on appelait Aurélie ;

Fille d’un Diplodocus

Et d’une grenouille anoblie.

 

Aurélie adorait chanter

Malgré sa voix de brontosaure :

Ce n’était pas pour plaisanter

Qu’on la surnommait « Gros Ténor ».

 

[Refrain] :       La puce Aurélie chante faux,

                      Mais elle aime tant l’opéra

                      Qu’elle en néglige ses travaux

                      Pour miauler Preeeends gaaaaarde à toi !

 

Un jour qu’elle avait pris congé,

Aurélie se rendit en ville

Car elle avait soudain songé :

« J’y serai meilleure entre mille ».

 

Ce projet-là semblait fort beau ;

Notre puce en sautait de joie,

Mais coassait comme un corbeau

Et se dandinait comme une oie.

 

[Refrain] :       La puce Aurélie chante faux,

                      Mais elle aime tant l’opéra

                      Qu’elle en néglige ses travaux

                      Pour miauler Preeeends gaaaaarde à toi !

 

Les vocalises d’Aurélie

Cassaient les oreilles aux voisins

« La fermerez-vous, ma jolie ?

Vous faites crever nos raisins !… »

 

Se lamentaient les pauvres gens.

Tout le répertoire y passait :

De Tannhauser à Don Juan

Et de Beethoven à Bizet.

 

[Refrain] :       La puce Aurélie chante faux,

                      Mais elle aime tant l’opéra

                      Qu’elle en néglige ses travaux

                      Pour miauler Preeeends gaaaaarde à toi !

 

Aurélie rêvait à la gloire

Et se voyait déjà sur scène.

A ceux qui refusaient d’y croire

Elle affirmait : « Je serai Reine ! ».

 

A répéter soir et matin

Sans jamais se décourager,

Le défaut d’Aurélie devint

Célèbre même à l’étranger …

 

[Refrain] :       La puce Aurélie chante faux,

                      Mais elle aime tant l’opéra

                      Qu’elle en néglige ses travaux

                      Pour miauler Preeeends gaaaaarde à toi !

 

L’affaire fit tant de raffut

Qu’Aurélie se retrouva star ;

Ce qui prouve que l’imprévu

N’arrive jamais par hasard.

 

Et la carrière fabuleuse

De la cantatrice Aurélie

Fut longue, haletante et heureuse,

Comme sont toujours les folies…

 

[Refrain] :       La puce Aurélie chante faux,

                      Mais elle aime tant l’opéra

                      Qu’elle en néglige ses travaux

                       Pour miauler Preeeends gaaaaarde à toi !

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9 octobre 2008 4 09 /10 /octobre /2008 22:09

[à chris, en toute amitié]


Laissez-moi donc vous raconter

(Ce qui devrait me remonter)

L'histoire assez inattendue

Qui ce tantôt m'est advenue.

 

Je revenais d'un dur labeur

Et j'avais il est vrai l'humeur

D'un cochon levé du pied gauche...

Or doncques, j'apprêtais une ébauche;

 

Lorsque soudain, dans le silence,

Survient avec violence

Un accident fort peu courant,

Mais néanmoins très hilarant.

 

Figurez-vous qu'un piaf tout frêle,

L'œil embué, le croupion grêle,

Se prend la vitre du pallier

Manquant de s'y écrabouiller.

 

Il reste là, sonné, tout vert,

A se demander, bec ouvert,

S'il doit s'enfuir ou tomber raide.

"Ne faudrait-il pas que je l'aide ?"

 

Me demandé-je en ricanant -

Je le trouvais si consternant,

Avec son air de hors-la-loi

Tout frais viré de son emploi.

 

"Oui-da, montrons-nous charitable;

Le pauvre oiseau, c'est regrettable,

Me paraît simple et pour tout dire,

Il est si sot qu'il prête à rire..."

 

Alors que j'approche, il s'affole;

Et tandis que moi je rigole,

L'on m'attaque, ô Ciel ! Par derrière;

Nom d'un canard ! Voilà sa mère !

 

J'ai beau m'excuser, me débattre,

Je dois me résoudre à combattre :

La génitrice est enragée,

"Ci-devant ! Tu m'as outragée !

 

Honnis soient ceux de ton espèce !

Attends voir que je te dépèce..."

S'indigne en piaillant l'hystérique

Au tempérament colérique.

 

"Tout doux, l'oiselle, avant le fer,

Et les feux guerriers de l'Enfer,

Croisons plutôt notre éloquence

Dans un conflit sans conséquence"

 

Déclaré-je à cette artilleuse

Dont la vanité pointilleuse

Ne souffrait aucun contredit

Ni le plus léger discrédit.

 

(Il est vrai que la vendetta,

Avec ses jeux de muleta,

M'a toujours paru ridicule,

Surtout par temps de canicule... )

 

La Maman Piaf gonfle le torse

Et c'est ici que ça se corse :

Elle éructe un cri suraigu,

Suivi d'un bruit fort ambigu,

 

Dont le fumet bleu me suffoque

Tandis que j'aboie comme un phoque.

Alerté par un tel boucan,

Voici qu’accourt Le Mohican –

 

Le Mohican, c’est mon Artiste,

(Un très joyeux je-m’en-foutiste)

Fort adorable, en vérité ;

Et dont le succès, mérité,

 

Lui monte assez bien à la tête ;

Or doncques ainsi, c’est un esthète ;

L’autre demi de mon binôme ;

Lui la grippe et moi le symptôme…

 

En découvrant l’affreux spectacle

Empestant notre tabernacle,

Il se met à rire en marchant

Et d’un pas plus que trébuchant

 

S’adresse à la bestiole en rage

Et lui passe ainsi le cirage :

«  Ho ! L’ovipare ! On reste zen !

Moi, le Baron de Münchhausen,

 

J’ai de quoi te clouer le bec :

Tu vas la boucler aussi sec !

Tant par l’avant que par l’arrière…

Ou sinon, tu fais ta prière. »

 

Mais l’oiselle a du répondant,

Elle embraye en surabondant :

« Cui-cui-couac-couac-kot-kot-kot-prout ! »

Ce qui vaut rien moins que le knout,

 

Dans les stalags de Sibérie.

Or qu’espérer de l’incurie

D’un bel artiste rigolard,

Plus dépendant qu’un vrai moutard ?

 

Le tas de plume était lancé

Dans son sabir gallinacé ;

L’air nous manqua ; nous étions sourds ;

Nos tourments devinrent si lourds

 

Que je résolus d’un parti

Qu’ici je peins : « Cet abruti

De truc ailé, je vais l’occire !

Puisqu’il est dit que le Messire

 

Est trop mol en ce noir péril ;

Mon courroux se fera viril

Et mon bras sera sanguinaire…

Allons, c’est dit, mon mercenaire !

 

Sus au cui-cui ! Mort au couac-couac !

Fous-y du napalm, au corbac ! »

Je me saisis de la gazette

Et je t’aplatis la merlette.

 

Je contemplai mon œuvre au mur :

« Ô ! Le divin deleatur ! »

M’exclamai-je en sautant de joie.

(C’est ainsi qu’un auteur guerroie…)

 

A ces mots, l’autre oiseau rapplique

Et nous lance ainsi sa supplique :

« Nobles soldats ! Amis ! Merci !

Je vous dois mon sort adouci !


J’ai tant souffert du joug femelle !

Sachez surtout que la chamelle

Que vous tuâtes à l’instant

N’était point du tout ma Maman…

 

Mais, hélas ! Mon horrible épouse !

Un laideron : bête et jalouse !

Vous me sauvâtes ! Hourrah ! Hourrah !

Soyez bénis ! Alléluia ! »

 

Puis il ouvre en grand la fenêtre

Et, tout enivré de bien-être,

Il s'envole en l’azur serein

Plus guilleret qu’un cœur sans frein.

 

La morale de mon histoire

C’est qu’il n'est sort plus dérisoire

Que celui d'époux affublé

D'un poison femelle endiablé.

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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 21:38


Je remercie goubliboulga (Pas si Bête) pour ce montage absolument génialissime : en ligne sur http://goubliboulga.canalblog.com/


Une abeille un matin s'étant posée

En un jardin tout couvert de rosée

Y voulut rafraîchir ses deux panards

Sans se mêler de la mare aux canards.

 

Notre insecte a du bol : il est très tôt,

L'endroit lui plaît, l'on se couche aussitôt

Sur un socle en granit. "J'y suis, j'y reste"

Se dit-il.  "C'est le moment d'une sieste."

 

Mais à peine a-t-il céans pris son aise

Qu'il découvre, avec un profond malaise,

S'être fourré dans les pieds d'un lion.

Que choisir : la fuite ou la rébellion ?

 

Or l'une ou l'autre ont en commun la force

Que l'ami du miel n'a point, sous l'écorce,

Malgré son coeur et sa noble rayure.

"Ce coup-ci, je suis de la revoyure."

 

Conclut le butineur en s'inclinant.

Pourtant l'ennemi s'approche en traînant.

"C'est quoi c't'odeur ? C'est du sucre ou du sel ?

"Non, Majesté, ce n'est qu'un peu de miel".

 

"Du miel ? Connais pas ! As-tu tes papiers ?"

"Non, Votre Honneur... ils sont chez les pompiers."

"Ah ! N'te fous pas d'moi, ' spèc' de p'tit malin !

Ou j'te fais coffrer direct au Kremlin..."

 

"Votre altesse, au nom de moi, veuillez croire

Que tout est vrai dans mon étrange histoire !"

Ajoute-t-il en tendant ses petons

Au butor. "C'qu'il peut flanquer les jetons,

 

Celui-là, ma parole ! Il est si moche

Puis il a tant de poils sur la caboche

Qu'on dirait la carpette à ma grand-tante..."

Le félin ouvre une gueule béante.

 

"C'est bon pour cett' fois... allez ! Circulez !

Et que j'vous r'prenn' plus jamais à rôder

Dans notre parc municipal" dit-il.

"Certes, oui, Votre Grâce, ainsi soit-il."

 

Répond notre abeille avant de partir.

Et puisqu'il me faut en somme aboutir,

La morale est simple, à mon humble avis :

Il faut toujours choisir le bon parvis,

 

Si l'on se plaît à marcher les pieds nus.
Car les petits sont souvent malvenus,

Auprès des forts, lorsqu'ils ont le pouvoir...

Il suffit d'ouvrir les yeux pour le voir.

 

© MD (Sabam) le 22-06-2006.

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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 23:00

Bonjour les over-blogonautes,

Il faudrait que pour commencer je me présente. Je n'aime pas trop parler de moi, alors pour les curieux il y a mon profil.

Écrire c'est toute ma vie : j'écrivais dans ma tête avant même de savoir lire et écrire. C'est dire.
Longtemps j'ai tout gardé pour moi. Puis un jour une petite fille est née (pas la mienne, celle d'une amie) et j'ai décidé de marquer le coup. J'ai écrit un conte, comme cadeau de naissance. Bon, depuis j'ai tourné le dos à la petite (qui est ma filleule) et à sa maman : parfois, comme pas mal de monde, je ne fais pas des choses très intelligentes...

Enfin voilà, il m'a fallu du temps pour me décider. Je pensais trop au passé, sûrement.

Ce soir, j'ai découvert que mon petit frère avait un blog (au fait, l'adresse c'est http://rd-poteries.skynetblogs.be/
). Je me suis dit : c'est le moment. Si Georges et Joséphine me regardent de là-haut, ils seraient sûrement très heureux de lire mes histoires de Rinart' en plus d'admirer les créations de mon frère. Et je crois aussi que ça les changerait de mes deux autres blogs (dont je ne parlerai pas ici, vu que c'est des secrets entre moi et moi).

Donc voilà, le blog du Rinart' c'est moi sans masque. Des histoires pour les sages et les pas sages. Des histoires qui racontent un peu mon histoire.

Et comme on a tous des histoires à raconter, si quelqu'un passe par ici et a envie de me faire partager la sienne, je serais ravie de la lire !

Ah ! Une dernière chose avant de commencer pour de bon : je voudrais dire à Tom (qui se reconnaîtra) que sa tendresse y est pour beaucoup.

Je voudrais aussi dire merci à Victor (Sanchez) pour le temps qu'il a passé sur les illustrations et pour m'avoir autorisé à les publier (elles ne sont qu'ici, sur ce blog, petits veinards...)

Bonne découverte,

Le Rinart'


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